« Oh dear ! Oh dear! I shall be too late » disait le lapin blanc d’Alice au pays des merveilles. Il semble que nous en soyons là, que nous soyons tous ce lapin à la poursuite d’un temps qui ne nous attendra pas. On nous dit que bientôt, il sera presque trop tard, qu’il est temps de faire l’éloge de la lenteur. Une tortue ne dit-elle pas à un autre lapin : « Eh bien ! N’avais-je pas raison ? De quoi vous sert votre vitesse ? »
Que faire dès lors ? Ralentir, accélérer, respirer ? Nous définissons le temps comme une constante. Il est objectif et pourtant, il se vit et se perçoit différemment. Partant de ce constat, pourquoi le représente-t-on ? Quelles inquiétudes notre volonté de chronométrie trahit-elle ?
Il s’agira dans ce nouveau numéro de questionner et d’analyser des attitudes, des phénomènes et des formes qui pensent ce quotidien impalpable et s’étendent à tous les aspects de la création. « Décroissance », « accélérationnisme » nous invitent à reconsidérer le rythme de nos vies en direction d’un « mieux vivre ». Conscient de suivre une direction qui nous est imposée – du passé vers le futur – nous sommes pris dans un rapport hypnotique et paradoxal, face à notre volonté de prendre le temps, de combler les vides d’une vie que nous voulons pleinement vécue.
Loin de redéfinir la question du temps qui passe, nous souhaitons que ce numéro soit un moment de réflexion sur ces notions, au milieu d’une course à laquelle nous participons tous.