Avec cet acte II des Chroniques d’une crise, le réseau de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture (Fill) poursuit l’observation d’une crise qui dure.
Comme pour le premier acte, neuf structures en région se sont donné pour objectif de proposer à tous les acteurs et actrices de la filière, aux institutions et aux organisations professionnelles, un panorama interprofessionnel et centré sur les territoires. C’est leur vocation de suivre au plus près les répercussions de cette situation inédite et d’identifier les besoins des acteurs, pour accompagner les pouvoirs publics dans la mise en œuvre des dispositifs de soutien.
L’acte I, publié en décembre 2020, a mis en lumière les multiples conséquences de la crise sanitaire sur l’activité et le revenu des acteurs du livre. Il a confirmé leur interdépendance, mettant notamment en avant le rôle majeur des manifestations littéraires dans le modèle économique de la filière du livre.
L’acte II des Chroniques témoigne d’une crise qui dure : moral en baisse, remise en question de certaines pratiques professionnelles, recours plus ou moins bien vécu au numérique pour que vive la littérature malgré tout. Maintenus hors de l’eau par les aides des pouvoirs publics – pour ceux qui y ont eu ou y ont encore accès –, les acteurs résistent, mais s’épuisent.
Car si de nombreux articles parus dans la presse mettent en avant la résilience du secteur du livre, la réalité vécue sur le terrain est beaucoup plus nuancée : les bons chiffres des ventes en librairie ne ruissellent pas sur toute la filière, et celle-ci reste en danger dans son ensemble. Un grand nombre de manifestations littéraires et de rencontres ont été annulées, pour la seconde fois consécutive. Faire, défaire, tenir : tel a été le credo des acteurs du livre et de la lecture depuis le confinement du printemps 2020.
Cependant, des éléments positifs sont à relever : les bibliothèques sont restées ouvertes, et les librairies ont rejoint fin février 2021 la liste des commerces essentiels. En outre, un certain nombre de librairies et de maisons d’édition ont été reprises ou créées, démontrant une fois encore que le livre occupe une place toute particulière dans notre société.
Afin de proposer une lecture sensible de la situation des acteurs de la filière, les membres de la Fill ont mené un grand nombre d’entretiens, en complément d’enquêtes et de consultations. Si seuls quelques extraits en sont reproduits dans cette Chronique, plusieurs d’entre eux peuvent être consultés en intégralité sur le site de la Fill et ceux des structures concernées. Cette matière a été confiée au consultant Laurent Delabouglise, dont l’expertise nationale et la compétence interprofessionnelle s’avèrent particulièrement précieuses pour tirer ces bilans d’étape.
Comme pour l’acte I, des points de vigilance ont été identifiés, sur lesquels s’appuyer pour la poursuite de cette observation partagée. Les multiples
initiatives et nouvelles pratiques des acteurs de la filière pour surmonter la crise sont-elles efficientes ? Engendrent-elles des mutations structurelles ?
La politique affirmée de soutien financier aux acteurs aura-t-elle permis de maintenir serré le tissu des acteurs ? C’est ce qu’il s’agira d’observer, et c’est l’objectif que la Fill et ses adhérents se donnent pour un acte III, à paraître à l’hiver prochain.