« L’affaire est bien connue : si l’éducation artistique et culturelle, qui vise à développer la présence des arts à l’école, fait l’objet de tant de « plans de relance », c’est que ses vertus sont unanimement reconnues. Plus que les clivages institutionnels qui séparent les acteurs culturels des acteurs éducatifs, plus que les problèmes organisationnels que sa généralisation ne manquerait pas de susciter, ce serait l’absence de moyens adéquats à une politique ambitieuse qui viendrait retarder l’avènement des nombreuses promesses portées par le projet d’éducation artistique et culturelle.
Pour les acteurs culturels, le développement de l’ «EAC» (l’éducation artistique et culturelle) viendrait réparer le péché originel relatif à la séparation institutionnelle de l’Education nationale et du ministère de la Culture lors de la création de ce dernier. Cette hypothèse ouvrirait à la démocratisation de la culture des territoires plein de promesses : seule l’école offre la possibilité de toucher l’ensemble d’une classe d’âge, à un moment où les publics sont suffisamment jeunes pour qu’il soit possible de les former durablement. Du côté des acteurs éducatifs, l’engagement de projets artistiques et culturels permettrait d’insuffler au sein de l’école des espaces de remédiation et de contribuer à « l’égalité des chances » : lutte contre le décrochage scolaire, dynamisation des équipes éducatives, développement de la culture générale et de la créativité, amélioration de certaines performances scolaires etc.
Eldorado de la démocratisation de la culture, horizon irénique de la réforme scolaire, l’éducation artistique et culturelle, cet éternel projet sans cesse remis au goût du jour, est décidément paré de toutes les vertus. La tonalité unanimiste des discours institutionnels entourant le développement de l’éducation artistique frappe par le contraste qu’elle opère avec l’étonnante diversité des pratiques et des expériences que l’on peut observer sur le terrain. « Serpent de mer » de l’action publique, « l’eac » fait plus souvent l’objet de discours de légitimation et de justification que d’analyse empirique : les enquêtes de terrain permettent-elles de confirmer, de nuancer, ou d’infirmer les logiques mobilisées dans ces discours ? Comme quelques sociologues l’ont fait remarquer, les effets de ces actions sont loin d’être univoques et d’opérer, comme par magie, la conversion de toutes les « mauvaises » volontés culturelles. Et dans le même temps, le discours critique peine souvent à prendre en charge l’adhésion d’acteurs de terrain, qui ne prennent pas non plus pour argent comptant les discours enchantés des politiques publiques.
La journée d’études « L’éducation artistique et culturelle : mythe et malentendus » voudrait investir, enquêtes à l’appui, cette nouvelle pierre philosophale. »
Programme :
09h45-10h00 Accueil-Café
10h00-10h10 Introduction. Anne Barrère (CERLIS), Nathalie Montoya (LCSP)
10h10-10h30 Nathalie Montoya : « L’éducation artistique et culturelle et la démocratisation de la culture : promesses d’Eldorado et conquêtes paradoxales ».
10h30-11h10 Florence Eloy (ESCOL) et Tomas Legon (EHESS) : « Ce que l’éducation artistique et culturelle doit faire à ses bénéficiaires : analyse du brouillage des objectifs dans et hors l’école ».
11h10-11h40 Discussion des deux interventions.
11h40-12h10 Anna Charbonneau et Séverine Dessajan (CERLIS) : « Adhésions et résistances à des dispositifs expérimentaux d’éducation artistique et culturelle ».
12h10-12h30 Discussion.
12h30-14h00 Buffet-café- discussion.
14h00-14h40 Alain Kerlan (ECP) : « La critique artiste comme pensée critique en éducation ».
14h40-15h00 Discussion
15h30-15h50 Géraldine Bozec (URMIS) : « Une histoire de « goût » ? Mobilisation, retrait ou décrochage des élèves dans les projets d’éducation artistique et culturelle « .
15h50-16h10 Marie-Christine Le Floch (CERIES, Lille 3) : « Enseignants et artistes face au travail d’éducation dans une école élémentaire. Cadres, rôles et styles d’intervention ».
16h10-16h30 Discussion.
16h30-17h00 Anne Barrère : « De quoi l’éducation artistique et culturelle est-elle la solution ? »
17h00-17h30 Conclusion. Emmanuel Wallon (HAR, Paris Ouest Nanterre La Défense)
Journée d’étude CERLIS-LSCP : L’éducation artistique et culturelle : mythes et malentendus »
Mardi 19 janvier 2016 – 9h30-17h30
Université Paris Descartes
Salle des thèses, Faculté des Saints-Pères (Bâtiment Jacob, 5ème étage)
45 rue des Saints-Pères
75006 PARIS
Inscription par mail : eac19janvier@yahoo.com