L’éducation artistique et culturelle représente un axe prioritaire des missions du Ministère de la Culture depuis plusieurs années. En 2017, le nouveau gouvernement a réitéré cette ambition à plusieurs reprises. Les collectivités s’attachent elles aussi, depuis longtemps, à soutenir la médiation à destination de tous : des scolaires, en premier lieu, mais également de toutes les personnes éloignées, socialement ou physiquement, des pratiques culturelles.
Il semblerait donc que la pratique musicale collective et individuelle, l’apprentissage de l’écoute, la rencontre avec des artistes, la connaissance de notre patrimoine musical dans toute sa diversité constituent des éléments essentiels de notre projet de société. En effet, on évoque leur effet bénéfique sur le développement cognitif des personnes, mais aussi sur l’émancipation et l’enrichissement de la capacité d’expression de chacun, au même titre que d’autres pratiques artistiques chacune à leur manière. On constate également leur effet bénéfique au titre du vivre ensemble, en tant que moyen de partager un patrimoine commun tout en confrontant la pluralité des héritages. Enfin, qu’il s’agisse de catharsis ou d’expression, de l’esthétique ou du rêve, la puissance des pratiques artistiques est vitale pour l’imaginaire collectif et le bien-être. Nous nous réjouissons que cette réalité soit comprise et retienne l’attention d’une partie de nos élus.
Face aux fractures sociales et territoriales grandissantes en France, l’injonction des pouvoirs publics au développement des initiatives de médiation et d’éducation artistique et culturelle se fait donc de plus en plus pressante.
Les institutions culturelles se doivent de ce fait de développer leur propre politique de médiation et de travailler avec des partenaires également exemplaires en la matière. La demande est donc multiple pour les ensembles indépendants : de la part de leurs tutelles publiques, de leurs diffuseurs, mais aussi de leurs financeurs privés, qui soutiennent plus volontiers des initiatives sociales et solidaires que leur démarche artistique.
Pourtant, la responsabilité citoyenne et la volonté de transmission des ensembles indépendants n’ont pas attendu ces différentes injonctions pour effectuer un travail remarquable. Aujourd’hui, ce sont 88% des ensembles de la FEVIS qui déclarent une activité pédagogique et de médiation. Il est à noter que seuls 36% des coûts de ces activités sont couverts par un financement dédié. On constate donc indubitablement cet engagement, par le nombre d’interventions réalisées et le nombre d’ensembles musicaux impliqués. Ces actions sont pour beaucoup réalisées sur de longues durées.
Depuis la loi LCAP, le Ministère de la Culture a confirmé et renforcé ses outils de travail pour honorer les objectifs politiques fixés. Ces outils sont principalement portés, pour la politique d’éducation artistique et culturelle, par des lieux labellisés et des opérateurs co-pilotés par l’Etat. Face à cette tendance, et inlassablement depuis la création de la fédération en 1999, notre étude bisannuelle et tous nos travaux ont pour vocation de rappeler à l’Etat qu’un grand nombre d’artistes professionnels, à titre individuel ou collectif, depuis la société civile et sans être nécessairement rattachés à un lieu ou un opérateur, participent également de la réalité artistique et culturelle du pays. Sur le sujet qui nous occupe, ils sont nombreux à s’engager pour la médiation et l’éducation artistique et culturelle. Ces actions sont pensées aux antipodes d’une philosophie verticale et contestable d’universalité du patrimoine musical ; l’accent est mis sur l’émancipation de l’individu par l’art, et sur la création de lien social par la découverte ou l’approfondissement de la connaissance de la musique et du travail du musicien. Création de spectacles participatifs, accompagnement d’une pratique musicale de longue durée, outils pédagogiques numériques ou encore expériences de concerts augmentés : les ensembles sont toujours plus innovants dans leur démarche et inventent sans cesse de nouveaux dispositifs et outils de médiation.
Ainsi, la FEVIS a souhaité commencer le travail de publication de l’enquête 2017 par ce cahier, spécifiquement dédié au travail de médiation et d’éducation artistique et culturelle pour faire connaître et reconnaître ce que chacun, sur son territoire, réalise au quotidien sans nécessairement pouvoir le rendre visible comme peuvent l’être des programmes nationaux.
Il faut maintenant collectivement réfléchir aux objectifs de chacune de ces actions, échanger pour trouver ensemble des outils d’évaluation et identifier les éléments nécessaires pour garantir la pertinence et la durabilité de ces actions, qui doivent être adaptées à chaque territoire et à chaque population concernée.
Rappelons enfin que cet engagement citoyen, malgré toute l’énergie que les musiciens y consacrent, ne doit cependant pas devenir un objectif politique concurrent de celui du soutien à la création artistique, qui reste leur cœur de métier.