Chaque mois de novembre en région Hauts-de-France, est organisée une centaine de tables-rondes, visites autour d’œuvres artistiques et conférences-débats en présence d’auteurs philosophes, sociologues, historiens, économistes, géographes…dans le but de participer à inscrire la réflexion critique et le goût de la pensée dans l’espace public.
Expression d’une philosophie au sens large, les conférences abordent des thématiques des sciences humaines et sociales, des questions esthétiques, artistiques, historiques, politiques, culturelles…
La manifestation s’adresse à tous les publics et s’invite dans une variété de lieux de la cité : musées, théâtres, universités, lycées et collèges, médiathèques, lieux de culte, équipements sportifs…
Sélection de rencontres et conférences :
Nancy Fraser et le féminisme – Vendredi 9 novembre 2018 – 11h00
Auditorium du Palais des Beaux Arts – 18 bis rue de Valmy, Lille
Nancy Fraser ouvre une réflexion philosophique majeure en articulant la question des femmes, de l’émancipation, avec celle de la reconnaissance de leur apport social dans un contexte de renouvellement de la critique sociale. Comment penser une politique ou une société où les femmes sont des partenaires dans l’interaction sociale ? Une politique de reconnaissance non identitaire dont l’exigence de parité est l’instrument de mesure. Estelle Ferrarese, philosophe, traductrice des œuvres de Nancy Fraser, offre une lecture critique de la théorie de la reconnaissance des femmes.
Estelle Ferrarese – Professeure de philosophie morale et politique à l’Université de Picardie Jules Verne, actuellement en délégation au centre Marc Bloch de Berlin
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Le plafond de verre chez les universitaires et chez les artistes : l’invisibilisation de la création intellectuelle et artistique des femmes – Vendredi 9 novembre 2018 – 15h00
Auditorium du Palais des Beaux Arts – 18 bis rue de Valmy, Lille
On sait depuis longtemps que les femmes artistes sont défavorisées en matière d’accès à la reconnaissance de leurs créations. On sait moins que, indépendamment des postes obtenus, les inventions conceptuelles dues à des intellectuelles ont souvent du mal à être prises en considération. Nathalie Heinich, sociologue au CNRS, éclaire à partir de témoignages ces phénomènes d’oublis ou de retards sélectifs, qui pénalisent les femmes auteures et, avec elles, la vitalité du monde intellectuel et artistique.
Nathalie Heinich – Sociologue directrice de recherches au CNRS, a réalisé une enquête sur la place des femmes dans la production intellectuelle et artistique
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Parler au féminin – Samedi 10 novembre 2018 – 11h00
Auditorium du Palais des Beaux Arts – 18 bis rue de Valmy, Lille
Ecriture inclusive, féminisation des noms de métiers, faux débats, instrumentalisation de la langue ou bien juste reconnaissance de la place du féminin dans nos façons de dire ? Linguiste et amoureux de la langue française, Bernard Cerquiglini lancera des pistes de réflexion à partir du rappel d’une histoire souvent conflictuelle du parler au féminin.
Bernard Cerquiglini – Linguiste, ancien élève de l’ENS, professeur de linguistique à Paris VII, membre de l’OULIPO, ancien recteur de l’agence universitaire de la Francophonie
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Femmes, hommes dans l’espace public : une mixité en trompe l’œil – Mardi 13 novembre 2018 – 17h00
LIlliad, Learning center innovation – Université de Lille – 2 avenue Jean Perrin, Villeneuve-d’Ascq
Nos villes sont faites et accessibles à tous, pensez-vous ? Il n’en est rien. Dans la réalité les villes sont faites pour les hommes et souvent excluent les femmes. Marcher dans la rue, sortir de chez soi pour faire des courses, garer sa voiture le soir dans un parking, ces activités anodines ne sont pas toujours partagées à égalité entre hommes et femmes. Yves Raibaud montre comment des processus différenciés se mettent en place qui écartent souvent les filles au profit des garçons : ceux-ci se retrouvent entre eux dans les skate Park tandis que les filles « préfèrent » rester chez elles. Ce constat interroge les politiques publiques : comment aller vers un usage mixte de ce bien commun qu’est l’espace public de nos villes ?
Yves Raibaud – Géographe, sociologue, maître de conférences HDR à l’Université Bordeaux Montaigne, chargé de mission Egalité femmes/hommes
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Essai sur l’origine des langues où il est parlé de la mélodie et de l’imitation musicale, de Jean-Jacques Rousseau – Mardi 13 novembre 2018 – 18h30
Médiathèque La Corderie – 56 rue Albert Bailly, Marcq-en-Barœul
«Sitôt qu’un homme fut reconnu par un autre pour un Être sentant, pensant et semblable à lui, le désir ou le besoin de lui communiquer ses sentiments et ses pensées lui en fit chercher les moyens. Ces moyens ne peuvent se tirer que des sens, les seuls instruments par lesquels un homme puisse agir sur un autre. Voilà donc l’institution des signes sensibles pour exprimer la pensée. Les inventeurs du langage ne firent pas ce raisonnement, mais l’instinct leur en suggéra la conséquence.» (Jean-Jacques Rousseau)
François Thévenin – Bibliothécaire à la Médiathèque La Corderie de Marcq-en-Baroeul, chargé de l’action culturelle
Catherine Kintzler – Philosophe, professeure émérite de l’Université de Lille, présidente du comité scientifique de Citéphilo, rédactrice d’une édition critique de l’Essai sur l’origine des langues de Jean-Jacques Rousseau chez Garnier Flammarion
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Transformations de la sexualité, permanence du sexisme – Mardi 13 novembre 2018 – 20h30
Théâtre de la Verrière – 28 rue Alphonse Mercier, Lille
Le sexisme n’est pas l’apanage de quelques individus mais il est la résultante d’un système d’inégalités dont la force est de se construire à partir de multiples champs de la vie sociale qui se renforcent mutuellement. Ce sexisme sert une stratégie de pouvoir pour « remettre les femmes à leur place ». Les injures, harcèlements et violences sexuelles révèlent une prolifération des comportements sexistes, dont les différents hashtags comme #Metoo et #BalanceTonPorc sont une caisse de résonance. Ces mouvements représentent-ils un retournement historique de la tendance à « blâmer les victimes » ?
Michel Bozon – Sociologue, directeur de recherches à l’INED, directeur adjoint de l’Institut du genre
Irène Pereira – Docteure en sociologie, chercheuse associée au LIS (Université de Créteil), fondatrice de l’Institut de recherche sur le syndicalisme et les mouvements sociaux
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Notre histoire intellectuelle et politique 1968 – 2018 (Seuil) – Mercredi 14 novembre 2018 – 16h00
Sciences Po Lille – 9 rue Angellier, Lille
Comment les enthousiasmes de Mai 68 ont-ils cédé le pas au désarroi des années 1980 et 1990 puis au fatalisme qui, depuis les années 2000, barre notre horizon politique et intellectuel ? Pourquoi la gauche s’est-elle enlisée dans un réalisme d’impuissance ou dans des radicalités de posture, au point de laisser le souverainisme républicain et le national-populisme conquérir les esprits ? Imaginer de nouvelles perspectives progressistes suppose au préalable de comprendre les causes de ce grand retournement. Pierre Rosanvallon s’attache à réinscrire les cinquante dernières années dans l’histoire longue du projet moderne d’émancipation, avec ses réalisations, ses promesses non tenues et ses régressions.
Pierre Rosanvallon – Historien, sociologue, directeur d’études à l’EHESS, professeur au Collège de France (chaire d’histoire moderne et contemporaine du politique), directeur du site La vie des idées
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La parité : piège ou levier ? – Mercredi 14 novembre 2018 – 18h15
Sciences Po Lille – 9 rue Angellier, Lille
Après de nombreuses polémiques sur la pertinence du recours à des mesures d’action positive, le terme de « parité » est devenu une expression consensuelle désignant une exigence prétendument partagée d’égalité entre les sexes. Analyse d’une notion problématique.
Réjane Sénac- Directrice de recherche CNRS au CEVIPOF, enseigne à Sciences Po, membre de PRESAGE et présidente de la commission parité du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes
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Médiarchie (Seuil) – Jeudi 15 novembre – 17h30
Ecole Supérieure de Journalisme – 50 rue Gauthier de Châtillon, Lille
Nous nous imaginons vivre dans des démocraties, alors que nous vivons dans des médiarchies. Car, plus que les peuples ou les individus, ce sont les publics formés par les médias qui sont les substrats de nos régimes politiques. Même lorsque nous dénonçons le « pouvoir des médias », nous n’entrevoyons qu’avec peine à quel point ceux-ci conditionnent nos perceptions, nos pensées et nos actions, individuelles et collectives. Nous ne saurions échapper aux conditionnements opérés sur nous, entre nous, à travers nous et en nous par nos médiarchies. L’auteur nous aide néanmoins à mieux percevoir ces conditionnements, à mieux les concevoir – et à moins les subir.
Yves Citton – Professeur de littérature et media à l’Université Paris 8, co-directeur de la revue Multitudes
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Vladimir Jankélévitch et Claude Debussy : l’enchantement musical – Samedi 27 novembre 2018 – 18h00
Opéra – Grand foyer – place du Théâtre, Lille
« Je ne révolutionne rien, je ne démolis rien. Je vais tranquillement mon chemin, sans faire la moindre propagande pour mes idées, ce qui est le propre des révolutionnaires. » (Claude Debussy, 1910). Le philosophe Vladimir Jankélévitch a médité toute sa vie la puissance enchanteresse de la musique, entre autres à partir de l’œuvre du compositeur français Claude Debussy auquel il a consacré un ouvrage en 1976, Debussy et le mystère de l’instant.
Philippe Gumplowicz – Musicologue, historien de la musique, professeur à l’Université d’Evry
Françoise Schwab – Historienne et éditrice des écrits posthumes de Vladimir Jankélévitch
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Les pratiques artistiques : comment se construisent les différences de genre ? – Mercredi 21 novembre 2018 – 18h00
Sciences Po Lille – 9 rue Angellier, Lille
Comment les loisirs culturels contribuent-ils à la construction identitaire des filles et des garçons ? Comment les usages, pratiques, consommations culturels et les représentations qui en découlent participent-ils à façonner le genre ? Les différenciations de genre présentes dans le champ des loisirs culturels sont-elles le terreau d’inégalités, d’autant plus cachées qu’elles sont renvoyées au goût, naturel et électif ? Telles sont les questions que soulève Sylvie Octobre, à travers différentes perspectives, selon l’âge des individus, les goûts et les pratiques : pratiques musicales en amateur, consommations médiatiques, culture scientifique et technique.
Sylvie Octobre – Docteure en sociologie, chargée d’études au Département des études, de la Prospective et des Statistiques (DEPS) au Ministère de la Culture et de la Communication, travaille sur la relation des jeunes avec les pratiques culturelles, la culture de la chambre
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Romancières de soi ? Éthos féminin et création littéraire – Mercredi 21 novembre 2018 – 18h00
Théâtre du Nord – petite salle – 4 place Charles de Gaulle, Lille
Comme tout le monde, les écrivain-es ont (au moins) un sexe et/ou un genre, et parfois plusieurs, que ce pluriel soit réalité avérée ou pur fantasme. Mais les récits littéraires qui nous enchantent ont-ils un corps, un genre et un sexe ? À question idiote ou insoluble, mille réponses : en quoi le corps-sexe-genre de l’écrivain-e interfère-t-il sur la façon dont elle ou il se les représente dans ses fictions ou ses récits de soi ? Selon qu’on est né-e ou devenu-e homme ou femme, met-on en scène son corps et les corps, raconte-t-on les genres, fait-on littérairement souffrir ou jouir son sexe et les sexes de la même manière ? En quoi ce corps-sexe-genre de l’écrivain-e intervient-il dans la façon d’aller à la recherche d’un éditeur ou d’une éditrice, à la rencontre d’un-e journaliste ou d’un public ? La gestion des postures, la présentation et représentation de soi sont-elles les fruits du genre ou du sexe ?
Anne Berest – Ecrivaine
Jean-Noël Orengo – Ecrivain
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Des femmes et du Jazz – Mercredi 21 novembre 2018 – 20h00
Conservatoire de Lille – rue Alphonse Colas, Lille
Depuis la naissance du jazz au début du 20e siècle, les hommes ont largement dominé la discipline. Leur omniprésence joue un rôle important dans la façon de composer des femmes. «Les musiciens qui nous influencent sont en grande majorité des hommes » affirme la saxophoniste Christine Jensen. Si bien qu’à son avis, les hommes et les femmes composent de façon très similaire. La pianiste et compositrice Lorraine Desmarais voit la composition dans une autre optique. «On peut dire que la femme a un côté plus doux et sensible, tandis que l’homme a tendance à jouer plus fort, à être plus viril » convient-elle. « Reste que je serais curieuse de savoir si quelqu’un peut deviner à l’oreille si la composition vient d’un homme ou d’une femme ».
Michele Hendricks – Chanteuse de jazz, compositrice, arrangeuse
Patrice Blanc-Francard – Journaliste musical, producteur de nombreuses émissions musicales radio et télé, co-organisateur de plusieurs festivals, dont Etonnants Voyageurs (programmation cinéma et documentaires)
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Philosopher avec les enfants grâce à la littérature de jeunesse – Jeudi 22 novembre 2018 – 16h30
École Supérieure du Professorat et de l’Éducation – 365 bis rue Jules Guesde, Villeneuve-d’Ascq
Il n’y a pas d’âge pour se poser des questions philosophiques et apprendre à penser. Les pratiques de la philosophie à l’école primaire se développent partout dans le monde – et en France en particulier – depuis une trentaine d’années. Ces pratiques visent à développer une pensée critique et complexe et à permettre aux futurs citoyens d’être conscients des enjeux du monde contemporain. En permettant aux enfants de s’exprimer sur des sujets sensibles, elles développent aussi l’estime de soi et peuvent contribuer à une meilleure adaptation scolaire et sociale. La littérature est une excellente médiation pour aborder des questions philosophiques avec les enfants.
Edwige Chirouter – Maîtresse de conférences HDR à l’Université de Nantes, titulaire de la Chaire UNESCO sur la pratique de la philosophie avec les enfants
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Le mouvement à l’œuvre – Vendredi 23 novembre 2018 – 14h30
LAM, Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille Métropole – 1 allée du Musée, Villeneuve-d’Ascq
Le mouvement et le jeu qui sont les deux foyers du livre d’Anne Boissière s’enracinent dans une couche de notre vie corporelle et émotionnelle antérieure à nos activités et nos projets et pour laquelle fut inventée la catégorie de PATHIQUE que l’on peut traduire aussi par le substantif SENTIR. Cet adjectif désigne ce qui se passe en nous lorsque nous esquissons des formes et mouvements chorégraphiques ou lorsque nous entrons dans le jeu (playing, distinct du game) au sens de Winnicott qui, avec Erwin Straus et Henri Maldiney, nourrit ce travail. Il s’agit donc de suivre l’éclosion de formes vivantes relevant de la motricité et de l’entrée dans la communication.
Anne Boissière – Philosophe, professeure en esthétique à l’Université de Lille
Rae Beth Gordon – Professeure émérite de littérature française et d’Études culturelles à l’Université du Connecticut
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L’ Énigme Wagner – Vendredi 29 mars 2019 – 20h15
Bibliothèque Saint-Corneille – place du Change, Compiègne
Précurseur, dès le milieu du 19e siècle, d’un spectacle total qui, de Broadway à Hollywood, évoluera en intégrant musique, arts plastiques et chorégraphiques, opéra et théâtre, Richard Wagner a pu longtemps, par bien des aspects, être appréhendé comme une énigme. Est-ce parce qu’il fut autant musicien que poète, producteur autant qu’homme de théâtre, ou polémiste autant que philosophe ? Les griefs qu’on lui fit portaient-ils sur sa musique ou sur sa pensée ? Sur ses convictions nationalistes et racistes ou sur ce que les nazis en feront ? Sur la nouveauté de son art du spectacle ou sur l’engouement quasi religieux confinant au fanatisme que son festival de Bayreuth suscita ? Comment comprendre Wagner ?
Dorian Astor – Philosophe et dramaturge
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Manifestation entièrement libre d’accès et gratuite.