« Alors que le GIEC vient de publier un 6ème rapport extrêmement alarmiste, la France ne semble pas sur une trajectoire qui permettrait de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de manière à respecter les engagements de l’Accord de Paris ou de la Stratégie Nationale Bas Carbone.
Le secteur culturel ne fait pas exception à ce retard, et les pratiques actuelles de production, diffusion et consommation des œuvres de l’esprit et des biens culturels ne sont pas soutenables. La « chaîne du livre » s’inscrit dans un contexte systémique de surproduction, de délocalisations, d’accroissement des distances et des volumes, qui la rendent fortement dépendante aux énergies fossiles, et vulnérable aux chocs climatiques et énergétiques à venir. Le renchérissement actuel du prix du papier et la perte récente d’équipements industriels illustrent cette fragilité.
Le nécessaire changement de pratiques doit se faire de manière globale, et être pensé en articulation avec les autres problématiques que rencontrent les professionnels du papier, de l’imprimerie, de l’édition, de la librairie : enjeux économiques, préservation de l’emploi, réindustrialisation et relocalisation, préservation et développement des savoir-faire, économie circulaire, modèles de consommation…
Par ailleurs, la réduction des impacts environnementaux ne doit pas rétrécir le champ de la création artistique et littéraire, précariser les auteurs, ni entraver l’accès à la lecture pour toutes et tous.
Une ambition régionale
Au sortir de la crise sanitaire, et faisant suite à une concertation dans le cadre du Business Act Grand Est, la Région Grand Est a décidé d’intégrer la transition écologique dans l’ensemble de ses politiques culturelles.
À la fin de l’année 2021, une feuille de route est ainsi validée pour les 5 grands secteurs d’activités culturels : spectacle vivant, arts visuels, livre et lecture, patrimoine et musées, audiovisuel et cinéma. Elle identifie des actions à engager autour de quatre axes de travail commun :
– Partager les bonnes pratiques autour de l’écoconstruction et de l’éco-rénovation
– Adapter au mieux les dispositifs régionaux.
– Accompagner et former les professionnels.
– Créer des circuits de proximité.
La Région Grand Est se positionne de manière ambitieuse en faveur de la transition écologique des secteurs culturels. Elle est la première région
française à disposer d’un cadre d’intervention intersectoriel construit en articulant les capacités d’action à court terme et les objectifs stratégiques à long terme.
Dans le cadre de la redéfinition de sa politique du livre et de la lecture, la collectivité a choisi d’initier une étude d’impact environnemental de la filière du livre en Grand Est. Il s’agit de la première étude nationale permettant d’estimer l’impact carbone d’un secteur culturel à une échelle territoriale, en l’occurrence régionale. Ce diagnostic sera complété d’un plan d’actions pour accompagner la transition des acteurs de la chaîne du livre.
La mission s’inscrit dans une volonté que la Région partage avec ses principaux partenaires pour l’ensemble de la filière du livre. Il s’agit de préciser les enjeux, les ordres de grandeur et les modalités d’intervention publique pour en garantir la durabilité :
– Quels sont les impacts environnementaux de la filière en Région ?
– Quelles sont les transformations souhaitables pour réduire ces impacts ?
– Quelles sont les ressources sur lesquelles prendre appui ?
– Quel accompagnement la collectivité peut-elle envisager pour initier et soutenir la démarche des opérateurs de la chaîne du livre ? »