Appel à candidatures pour artistes tous domaines – Mission d’appui artistique (MiAA) réseau des professionnels des quartiers mineurs des établissements pénitentiaires de Laon, Liancourt et Longuenesse / Cand. avant 16-07-21

Dans le cadre de la convention de partenariat entre la Direction Interrégionale de la Protection judiciaire de la Jeunesse Grand Nord et la Direction régionale des affaires culturelles Hauts-de-France, la Direction régionale des affaires culturelles Hauts-de-France (DRAC), la Direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse Grand Nord (DIRPJJ GN), les Directions territoriales de la protection judiciaire de la jeunesse (DTPJJ) Oise, Pas-de-Calais et Somme-Aisne, lancent un appel à candidatures en direction d’artistes relevant de tout domaine artistique intéressés par une mission d’appui artistique (MiAA) menée auprès du réseau des professionnels intervenant au sein des quartiers mineurs des établissements pénitentiaires de Laon, Liancourt et Longuenesse.

Thème de la MiAA : « Ma place, ma trace »
Période de résidence Du 21 février au 8 avril 2022

Cadre de la mission
La mission d’appui artistique est initiée à des fins de démocratisation culturelle et plus particulièrement d’éducation artistique et culturelle. Elle est essentiellement destinée à fédérer un réseau de professionnel.le.s autour d’une présence artistique en l’invitant à s’approprier cette dernière, collectivement et durablement, puis à en démultiplier les apports auprès de son public de référence.
Elle prend la forme d’une résidence, c’est-à-dire d’une présence pleine et consécutive d’un artiste professionnel (dont le travail de création est l’activité principale, régulière et repérée au sein des réseaux publics de production et de diffusion), menée avec l’appui de l’association Hors Cadre, qui agit en tant qu’opérateur.
Le réseau plus particulièrement concerné ici, est celui que constituent les différents corps de métiers intervenant dans les quartiers mineurs des établissements pénitentiaires de Laon, Liancourt et Longuenesse : professionnels de la protection judiciaire de la jeunesse, professionnels de l’éducation nationale et professionnels des services pénitentiaires.

Le principe de la résidence : pour l’artiste-résident.e, il s’agit de s’engager dans une démarche de démocratisation culturelle donnant à voir et à comprendre la recherche artistique qui l’anime, ainsi que les processus de création qu’il met en œuvre (réflexions, expérimentations, réalisations).
Cette résidence ne se confond nullement avec une résidence de création, puisqu’il n’y a ni enjeu de production, ni commande d’œuvre. De nature clairement artistique, la résidence s’appuie sur des formes d’interventions très variées, se différenciant toutefois des traditionnels ateliers de pratique artistique régis par un tout autre type de cahier des charges et aux finalités différentes.

Les enjeux de la résidence : Il s’agit ici de créer les conditions d’une rencontre entre l’artiste, son univers, ses engagements, sa recherche et sa démarche, ses questionnements, ses œuvres… et des groupes de jeunes placés sous-main de justice encadrés par des professionnel.le.s. L’ambition est de travailler sur l’engagement dans une démarche, de prendre un risque collectif en vue de partager un message et, par ce biais, de s’intéresser à l’acte de création sans jugement ou évaluation mais dans l’expérimentation : du geste, du regard, de la parole.
L’objectif est d’amener les jeunes à « être » avec l’artiste dans le sens « d’exister avec lui/elle » dans un temps et un espace de rencontre où tout est possible. C’est ce temps et cet espace de rencontre qu’il y a à mettre en œuvre. Ceci implique une relation privilégiée entre l’artiste et les professionnel.le.s : la rencontre se fait également à ce niveau. C’est la découverte des territoires (humains, professionnels, fonctionnels, etc.) respectifs qui apportera du sens à cette résidence et donnera une raison aux professionnel.le.s de s’engager aux côtés de l’artiste.

Les objectifs de la Mission d’Appui Artistique :
Tout au long de la durée de la mission d’appui artistique, les différentes équipes de professionnel.le.s engagées dans l’action et l’artiste sont invités à garder constamment à l’esprit les objectifs suivants :
• Contribuer activement, de manière inventive, expérimentale même, désintimidante en tous cas, à ce que le droit à la culture puisse être garanti à chaque jeune placé sous protection judiciaire ;
• Sensibiliser chacun de ces jeunes au fait artistique, notamment contemporain, mais aussi dans son lien avec la dimension patrimoniale. Lui en faire percevoir, de manière sensible, les apports et bienfaits dans son parcours de vie ;
• Renforcer les collaborations entre les différents professionnel.le.s du réseau, donc entre les services et établissements, à partir de cette entrée transversale de l’éducation artistique et culturelle ;
• Viser à l’autonomie des équipes de professionnel.le.s en matière d’initiatives convoquant l’art et la culture ;
• Envisager la place de l’artiste dans ces projets à venir sur un principe affirmé de non instrumentalisation et de non substitution à d’autres professionnalismes.

Envisager donc la présence d’artiste en tant qu’artiste et non en tant qu’intervenant.e artistique. Enfin, il est recommandé, au cours de cette mission d’appui artistique, de ne pas s’imposer d’objectif de production. C’est, avant tout, sous le signe de l’expérimentation, diversifiée, que se place la mission.
Si souhait il y a d’un temps de restitution de certains résultats de cette démarche d’expérimentation, celui-ci gagne à s’inscrire dans un cadre de modestie et ne constitue pas, en tous cas, la finalité de la mission.

La thématique retenue : « Ma place, ma trace »
Inviter un.e artiste à travailler avec des mineurs incarcérés, au sein du quartier dans lequel ils exécutent leur peine, est un acte fort, qui peut avoir des résonnances considérables dans le parcours de ces jeunes et de ceux qui les accompagnent. Pour les professionnels (éducateur.trice.s, psychologues, professeur.e.s techniques) de la protection judiciaire de la jeunesse, pour les enseignant.e.s et pour les surveillants pénitentiaires qui collaborent à ce projet, cette résidence est l’occasion de mettre à contribution les jeunes dans un projet collectif, transversal et participatif. Elle est également l’occasion de révéler et de valoriser, chez chaque jeune participant, ses ressources, ses savoir-faire, ses engagements, qui au quotidien sont « empêchés » par l’aspect contraignant du lieu dans lequel ils évoluent.
Dans ce quotidien carcéral, l’accompagnement éducatif de l’ensemble des professionnels vise à rendre « constructif » le temps de l’enfermement. Mais cependant, chacun sait sans l’exprimer, et le jeune en premier que « sa place n’est pas là ». Fondamentalement, la jeunesse est le temps de la liberté. Si nous avons chacun une place – à trouver ou à faire – dans la société, les jeunes provisoirement incarcérés ont déjà, plus que tout autre, une pression quant à leur avenir ou à leur « capacité à devenir quelqu’un ».

L’enjeu pour les professionnels qui les accompagnent est de les conduire vers cet extérieur à la fois pratique et symbolique, intime et universel. Si ces jeunes sont provisoirement « empêchés d’extérieur », ce n’est pas pour autant qu’ils ne le pensent pas et ne s’y projettent pas.
Exister à l’extérieur est une perspective et un horizon qui doit être construit. Un artiste peut-il aider ces jeunes à définir leur place (mélange d’envie, de projections, de capacités, d’interrogations, de doutes, etc.) et à la formaliser dans une trace (avec les moyens techniques et matériels utilisables en détention) ? En d’autres termes, à transformer l’immobilité en mouvement, à convertir l’impuissance en capacité d’agir à révéler la fierté d’exister, à accompagner la traversée entre l’intérieur et l’extérieur, le dedans et le dehors, le présent et le futur ?

Les professionnel.le.s de la PJJ et leur cadre de travail
La justice des mineurs pose le principe de la primauté des mesures éducatives : le prononcé d’une peine et en particulier une incarcération doit être exceptionnel. Pour autant, à partir de 13 ans un mineur peut être placé en détention. Dans ce cas, la détention s’effectue soit dans un quartier spécialement réservé aux mineurs (QM) d’une maison d’arrêt, soit dans un établissement pénitentiaire spécialisé pour mineurs (EPM). L’encellulement individuel est garanti par principe. Les mineurs âgés de 13 à 16 ans ne peuvent être placés en détention que dans les seuls établissements garantissant un isolement complet d’avec les détenus majeurs ainsi que la présence en détention d’éducateurs.
Au sein des quartiers pour mineurs, ceux-ci sont pris en charge par une équipe pluridisciplinaire composée de surveillants pénitentiaires, d’éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), d’enseignants de l’Éducation Nationale et de personnels de santé (infirmiers, psychologues…). Les mineurs incarcérés peuvent suivre une scolarité en suivant les cours dispensés par un enseignant au sein du QM. La scolarité est obligatoire pour les mineurs âgés de 13 à 16 ans. Elle est vivement recommandée pour les jeunes de plus de 16 ans. En tout état de cause, les mineurs de plus de 16 ans sont tenus de suivre une activité à caractère éducatif, encadrés par les éducateurs de la PJJ et les surveillants pénitentiaires, voire, pour certaines, par des psychologues ou des infirmiers.
L’accès à la culture des mineurs détenus (public empêché) est un droit fondamental au même titre que l’accès à l’instruction et à la santé. Ainsi, chacun de leur place, les professionnels du QM proposent aux mineurs pendant tout le temps de leur détention un parcours d’éducation artistique et culturelle dans lequel s’inscrit la MiAA.

La structure opératrice de cette MIAA
C’est l’association de développement culturel en région Hauts-de-France, Hors Cadre qui a accepté d’être l’opératrice de cette MiAA. Fondée en 1997, Hors Cadre se donne pour objectif de mener des actions visant la démocratisation de la culture notamment par l’éducation à l’image, en direction des publics éloignés de l’offre culturelle. Elle est soutenue par l’État, la Région Hauts-de-France et les départements.
Elle bénéficie d’une expertise reconnue sur les questions de pratiques culturelles intégrant la participation des publics et travaille autour des thématiques patrimoine / jeunesse / éducation / citoyenneté / interculturalité / environnement / insertion… Elle offre, dans toute la région, un certain nombre de services aux publics et aux porteurs de projets : élaboration de projets, ateliers de pratique artistique, interventions, projections, événementiel, stages…

Durée et organisation
Considérant la spécificité de cette résidence dans trois lieux différents, la mission se déclinera de la façon suivante :
– Du 21 février au 4 mars 2022 (10 jours du lundi au vendredi) : quartier mineurs du centre pénitentiaire de Liancourt
– Du 7 au 25 mars 2022 (10 jours à répartir sur 3 semaines) : quartier mineurs du centre pénitentiaire de Laon
– Du 28 mars au 8 avril 2022 (10 jours du lundi au vendredi) : quartier mineurs du centre pénitentiaire de Longuenesse
La résidence concerne aussi bien l’artiste que les équipes de professionnels mobilisées. Elle est coconstruite par l’ensemble des partenaires.

A cet effet, elle comporte :
– En amont de la période de mission à proprement parler, une journée de travail préparatoire avec le comité de suivi ;
– Des temps de rencontres et d’échanges préalables avec les différentes équipes de professionnels ;
– Des temps consacrés à la diffusion de l’œuvre de l’artiste et à la médiation, souhaitée innovante pour faciliter ou prolonger l’appropriation des œuvres présentées. Ce sont, à chaque fois que possible, les professionnels qui sont appelés à faire vivre l’action de médiation auprès de leur public de référence et de son entourage (familles notamment), cette action ayant été conçue conjointement avec l’artiste ; – Des actions de pratiques artistiques collectives ou participatives dont la finalité ne peut être la réalisation de productions lourdes et pérennes. L’enjeu étant avant tout celui d’un questionnement, via une pratique active ;
– La mise à disposition d’une plateforme numérique interactive « NotrAgora » (http://notragora.com), sur laquelle un groupe de travail sera créé afin que l’artiste et les participants de la MiAA puissent rendre compte des démarches en cours dans le cadre de cette résidence, communiquer entre eux et valoriser le travail de création.
Hors Cadre accompagnera techniquement et humainement l’animation de cet outil numérique. Afin de piloter et suivre la résidence sur la période identifiée, un comité de suivi composé de référents de chacun des partenaires de la résidence est mis en place. La coordination générale de la résidence est assurée par Hors Cadre.

Contexte sanitaire
Le contexte sanitaire de 2020/2021 a modifié de modifiée manière inédite les relations entre les individus et notamment les relations entre les collectivités, les institutions culturelles, les partenaires des territoires et les habitants. Les modalités d’accueil et de travail avec les publics ont été impactées, fortement parfois et cela dans des délais très courts.
Ces contraintes sanitaires et leurs répercussions sur les rencontres avec les publics risquent de continuer à évoluer sans qu’elles ne puissent toujours être anticipées. Les résidences et les présences artistiques sont évidemment impactées par ce contexte. Il est indispensable de les adapter en fonction de cette situation nouvelle et changeante.
Aussi, afin de dépasser ces difficultés, les artistes sont invités, là aussi, avec l’appui des collectivités, des habitants et des publics destinataires de ces actions, à innover, réinventer les actions et dépasser ces contraintes avec imagination, tout en conservant les objectifs fixés en terme d’éducation artistique et culturelle, les actions proposée doivent être pensées en intégrant, dans toute la mesure du possible, une évolution potentiellement brusque des conditions de leur déroulement.
Il s’agit par ailleurs de positiver la situation en considérant qu’elle offre une opportunité de renouveler les modalités de relations aux publics et d’inventer de nouvelles formes de rencontre.
Pour ce faire, les artistes sont invités dans leurs candidatures à proposer des pistes et idées, en prenant en compte les points suivants :
-Le strict respect des mesures sanitaires
-L’adaptation encore plus forte de la démarche artistique en fonction des conditions d’accueil des partenaires et des publics, en particulier en directions des plus sensibles et/ou des plus fragiles :
-Les modalités de rencontre et de proximité avec les publics
-Le déroulement des projets permettant d’offrir la plus grande souplesse et adaptabilité possible
-L’articulation des projets dans le temps en intégrant les phases toujours possibles de restrictions
-Le rapport entre présentiel et distanciel : quelles étapes des projets nécessitent une présence indispensable ? Sous quelles formes ?

Conditions de sélection de l’artiste
Le choix de l’artiste s’organise dans le cadre d’une commission de sélection regroupant les professionnels des quartiers mineurs des établissements pénitentiaires de Laon, Liancourt et Longuenesse qui participeront à cette MiAA ; les représentants des DTPJJ concernées ; les représentants des Directions interrégionales de la PJJ et des services pénitentiaires ; la DRAC ; les partenaires culturels éventuels et Hors Cadre.
Cette commission sera en mesure d’annoncer le nom de l’artiste retenu.e le 6 octobre 2021 au plus tard.

Conditions financières
En ce qui concerne la rétribution de l’artiste résident.e, il est précisé ici que le coût total employeur pour la durée totale de la résidence ne peut excéder en aucun cas 10 000 euros. Ce montant correspond au coût total employeur (salaire et charges, cotisations et taxes s’y attachant et aux droits d’auteur pour les résidents concernés).
Un budget complémentaire de 5000 euros est destiné à aider l’artiste pour ses frais d’hébergement et de déplacement de l’artiste, ainsi que ses besoins matériels pour le travail de réalisation avec les jeunes. Les DTPJJ concernées pourront être mise à contribution si des besoins complémentaires en matière de valorisation et de restitution s’avéraient nécessaires.
Les contributions de la DRAC, de la DIRPJJ et des DTPJJ permettent la prise en charge de ces coûts et de faire face aux frais liés à l’organisation de la diffusion des œuvres de l’artiste.
L’artiste doit être autonome en matière de déplacement. Il ou elle détient un permis de conduire en cours de validité et dispose d’un véhicule personnel.

Faire acte de candidature
Pour faire acte de candidature, il suffit d’adresser avant le 16 juillet 2021 :
– une lettre de motivation faisant état d’une bonne compréhension de ce présent cahier des charges ;
– un curriculum vitae ;
– un dossier artistique présentant notamment un ensemble de réalisations représentatives de la démarche de l’artiste-candidat.e.
NB : il n’y a pas de projet à produire. Ce présent appel à candidatures qui fait également office de cahier des charges précise déjà ce qu’est le projet de la mission d’appui artistique. La lettre de motivation peut, par contre, évoquer certaines des pistes que l’artiste-candidat.e envisage, à priori, de proposer aux professionnels impliqués.

L’artiste candidat.e a déjà, à son actif, une production conséquente et est en mesure de s’impliquer pleinement dans ce type particulier d’action que représente la mission d’appui artistique.
Il ou elle maîtrise l’usage oral de la langue française.


Les candidatures sont à adresser par courriel, de préférence sous format PDF, à l’adresse électronique suivante : lepiouff@horscadre.eu (Sujet : Mission d’Appui Artistique – suivi du nom du candidat ou de la candidate)
Dans le cas où l’artiste candidat.e souhaite enrichir cet envoi d’un D.V.D. ou d’un C.D., pour les œuvres audiovisuelles, par exemple, ou pour des documents complémentaires, il ou elle le précise dans son envoi électronique et adresse ces pièces, par voie postale à l’adresse suivante :
Hors Cadre
72 rue Gutenberg
59800 Lille

L’artiste précise également s’il ou elle souhaite que ces supports et documents lui soient retournés à l’issue de la phase de sélection.
La commission de sélection peut être amenée à contacter téléphoniquement les candidats.

Pour plus d’informations contacter : Marc le Piouff, Chef de projet Hors Cadre : 03 20 33 00 33/06 27 39 95 08 – lepiouff@horscadre.eu
Pour plus d’informations sur les missions des différentes administrations en charge du suivi des mineurs placés sous-main de justice : www.mineurs-sous-main-de-justice.fr
Ce présent appel à candidatures est également consultable et téléchargeable sur le site internet de la DRAC Hauts-de-France.